Le Poupon Éditions de l’Amandier, 2011

Comment cohabiter, à l’âge adulte, avec sa mère, quand on est fils unique et orphelin de son père depuis la prime adolescence ? Comment concilier l’amour filial et le sentiment envahissant de rejet, né de la proximité étouffante ? Enfant pouponné, choyé, chéri par ses parents attentifs à ses désirs, à ses aptitudes physiques et intellectuelles, Daniel finit par prendre racine dans le terroir familial au point de ne plus éprouver le besoin ni l’envie d’aller voir ailleurs. À peine marié il s’empresse de divorcer pour revenir vivre sous le toit de sa mère, surprise et déçue d’être ainsi privée d’une descendance, mais au fond heureuse d’avoir son fils adoré avec elle. Très vite un mur d’abord invisible, puis chaque jour plus perceptible, séparera le fils de sa mère, que la vieillesse enferme dans un univers imaginaire depuis qu’elle a décidé de ne plus sortir de chez elle. (extrait de la quatrième de couverture)
Avec la démence sénile, Le poupon poursuit ainsi la description des pathologies psychologiques abordées avec l’hystérie dans Jardin sous le givre et la perversité dans Le Charognard.
Début du roman :
C’est ce jour-là que la décision s’imposa à Mme Sedrat : dorénavant, elle ne sortirait plus de chez elle. Sur le marché, à plusieurs reprises, elle avait été poussée par des malotrus, indifférents au regard dont elle avait tenté de les impressionner. Elle n’avait jamais dit, ni même pensé que les choses allaient mieux de son temps, maintenant, pourtant, c’en était trop. Une grande partie de sa vie, on l’avait bousculée sous prétexte qu’elle était petite et effacée mais c’était une injustice qu’elle ne pouvait plus tolérer. Elle ne voyait aucune raison pour continuer d’affronter la violence du monde. Ni sa folie. Au pied d’un des vieux platanes plantés aux quatre coins de la place, dont l’ombre était si agréable en été, une clocharde plumait un pigeon. L’avait-elle trouvé par terre déjà mort ? ou l’avait-elle étranglé de ses mains, après l’avoir appâté avec un croûton de pain ? La femme plumait le pigeon aussi tranquillement qu’elle-même aurait pu le faire dans sa cuisine. Le spectacle incongru la fit rire un instant avant de la plonger dans l’angoisse. Quelle confiance accorder à un univers où l’on plumait des pigeons sur une place publique ? On s’en prenait aux pigeons, puis aux vieilles dames…
Nouvelle Parution – Histoires de Femmes
Septembre 2016 Poèmes de Joëlle Gardes dessins de Stéphane Lovighi Bourgogne éditions Cassis Belli à commander directement aux éditions Cassis Belli 8 rue Pierre Eydin, 13260 Cassis au prix de 15 euros + 3,20 euros de frais de port